Un peu d'histoire sur Vénizel
Dans les textes latins ou français du moyen âge et de la renaissance l'origine du nom Vénizel est :
- 1217 : VAISNISEL
- 1232 : VESNISELLUM
- 1480 : VANIZEL
- VENIZEL -VENISELLA
Petit village de l'ancien soissonnais,
Vénizel fut vendu en 1297
à l'abbaye
de St Crépin le Grand de Soissons.
Situé sur la rive gauche de l'Aisne à 35 kilomètres au sud-est de Laon et 6 kilomètres de Soissons se trouve Vénizel.
Le village est peu étendu 500 mètres de largeur.
De la commune dépend "les hameaux du Bochet sur le chemin de Vénizel Billy, de la Demoiselle et de la Tuilerie sur la route nationale 31.
L'étendue totale est de 371 hectares de terres cultivées.
En 1720, Vénizel était une commune vinicole dont la production en vin était de 400 muids par an
(1 muid = 274 litres).
En 1722, Louis XV Roy de France, fut sacré en la cathédrale de Reims par Monsieur Armand Jules de Rohan. Le Roy arriva à Soissons où il y séjourna avec toute sa troupe. Il eut la curiosité de monter au plus haut de la Tour Sainte Gèneviève où il prit le plaisir à regarder le paysage. Comme toutes les personnes de la troupe ne peuvent loger dans la ville, les villages voisins en logèrent des détachements, il n'y aura aucun logement sur Vénizel.
En 1722, la sècheresse a été grande, il n'a pas plu pendant cinq mois à partir de mars. On fait des prières publiques pour obtenir de la pluie. L'année a cependant été bonne et abondante, surtout en blé et en vin.
Le 18 mai 1724, les vignes ont été gelées. La perte a été grande, plus de la moitié des vignes de ce terroir ont été touchées, surtout celles de la Cure et des Goulenans ou Goulenvains. Pour les vignobles du voisinage, la perte n'a pas été aussi considérable qu'à Vénizel.
APRES LA REVOLUTION
Le village de Vénizel dépendait d'Acy, ce canton était dirigé par un président d'administration municipale. Chaque village avait son assemblée composée d'officiers publics, qui, suivant leurs disponibilités, enregistraient tous les actes (mariages, naissances, décès).
Dès 1800, Vénizel dépend de l'arrondissement de Soissons.
De 1800 à 1825, tous les actes de l'état civil sont signés par Hanguy Pierre Alexis. Il semblerait qu'il fut le 1er maire de Vénizel.
En 1814 lors de la retraite de Napoléon 1er vers Paris ont eu lieu :
- le 1er mars (2ème attaque sur Soissons), prussiens russes et cosaques ont pillé le village.
- du 21 au 31 mars, le général BULOW (prussien) a établi son quartier général à Vénizel. Il a fait
faire deux ponts sur la rivière au lieudit (le Bac et le Moulin de Roche).
- le général BULOW a nommé Hanguy Pierre Alexis, Maire de Vénizel, Maire magasinier pour la troupe établie au pont.
- le 18 juillet, engagement dans la deuxième bataille de la Marne avec une progression dans la vallée de l'Aisne, la réoccupation de Soissons le 2 août, puis l'organisation du terrain conquis vers Vénizel.
La culture en 1760
7 charrues seront disponibles pour cultiver des terres sujettes aux inondations qui ne rapporteront que :
- du Froment
- 70 arpents de vignes (l'arpent est une mesure de longueur, un arpent valait 10 perches d'arpent
soit 220 pieds du Roi = 71,46 mètres)
- 40 arpents de prés
- 50 arpents de bois.
La population en 1760 : 57 feux (ensemble des personnes regroupées autour d'un même foyer qui constituait en France avant 1789 l'unité de base pour la répartition des impôts).
- 1800 : 183 habitants
- 1810 : 170 habitants
- 1824 : 170 habitants
- 1836 : 201 habitants
- 1856 : 228 habitants
- 1886 : 280 habitants
L'augmentation sera due aux progrès de l'industrie de notre village qui occupe un certain nombre d'ouvriers des communes voisines :
- Bucy le long
- Billy
- Villeneuve saint germain
La culture après cette période
On cultive en moyenne par année sur le territoire de Vénizel :
- 60 hectares de froment
- 20 hectares de seigle
- 50 hectares d'avoine.
Il y a sur le territoire :
- 25 hectares de prairies naturelles
- 60 hectares de prairies artificielles.
Le pâturage n'est pas pratiqué. Il y a peu d'arbres fruitiers : quelques pommiers, des pêchers, des pruniers, des cerisiers, des noyers.
Les vignes qui existaient autrefois sur le territoire de la commune ont été arrachées pour la plupart.
Les propriétaires ont remplacé la vigne par des cultures productives.
Le houblon n'est pas cultivé.
- 35 hectares sont annuellement ensemencés en betteraves à sucre. La betterave est expédiée par la
rivière de l'Aisne à destination des sucreries de Vailly et Villeneuve St germain et de la distillerie de Vauxrot.
On cultive chaque année :
- 3 hectares de haricots
- 16 hectares de pommes de terre
La vie à Vénizel avant
De 1876 à 1883, il y aura :
- 26 mariages
- 80 naissances
- 66 décès
Les habitants ne présentent aucune constitution physique spéciale hormis plusieurs cas de goitre (augmentation de la glande thyroïde) constatés. La vie moyenne sera de 27 ans et 7 mois environ en 1893. La culture sera pratiquée par beaucoup d'habitants qui seront aussi de nombreux propriétaires.
Le langage ne sera jamais le patois, mais ne sera pas très correct. Il y aura beaucoup d'illettrés.
La commune possède une église dédiée à Saint-Crépin, Crépinien dont la fête est le 25 octobre. Cette église se compose d'une nef accompagnée d'un seul côté, d'un choeur et d'un sanctuaire. La nef a quatorze mètres de long sur cinq mètres de large. Le choeur a neuf mètres de long. Le bas côté à gauche du choeur et de la nef a trois mètres de large.
Trois cloches ont été fondues à Braine pour notre paroisse le 15 septembre 1742
- la plus grosse existe encore
- la moyenne (qui pesait 445 livres) avait été bénite par Monsieur Jacques Delettre prêtre curé et
nommé Barbe par Jean-François Coquillette, marchand à Soissons et par Mademoiselle Barbe
Grévin, son épouse
- la petite nommée Madeleine (qui pesait 304 livres) est bénite par Monsieur Jacques Delettre.
Une ferme voisine de l'église dépendait autrefois de l'abbaye de St Crépin de Soissons. Elle était exploitée par les moines de cette abbayequi était de l'ordre des Célestins. On a pu voir jusqu'en 1833, dans une grange de la ferme, des arcades ayant appartenu à un monument ancien. Malheureusement un incendie en 1883 aurait détruit ces arcades qui se seraient effondrées et dont il ne resterait plus de trace.
Il y a sur notre territoire un lieudit " la Maladrerie", il ne se rapporte à aucune tradition mais est marqué d'une "Croix de la Maladrerie" depuis le temps immémorial.
Un monument dédié à 8 officiers prussiens morts à Vénizel pendant le siège de Soissons en octobre 1873 se trouve au cimetière de Vénizel.
Un registre de baptêmes, mariages et sépultures sera tenu par les curés à partir de 1663, les registres des délibérations du corps municipal à partir de 1788.
La commune possède une école mixte laïque qui reçoit 55 élèves, il y avait un maître en 1723, ses fonctions seront celles de clerc laïque. Aucun document ne nous fait connaître ce qu'était l'école à cette époque.
La commune possède 6 hectares de propriétés, terres et bois. Les terres sont affermées. Les coupes de bois sont vendues au profit de la commune.
Dans notre commune il y a plusieurs animaux mais
aucun n'est nuisible
- 35 chevaux
- 8 ânes
- 25 vaches
- 4 boeufs
- 40 porcs à l'engrais
- 25 chèvres
- 350 moutons et brebis mérinos
- 10 ruches d'abeilles
La pêche dans l'Aisne est assez fructueuse, le droit de pêche est loué et seule la pêche à la ligne tenue à la main est tolérée.
Il y a à Vénizel un moulin à farine et un four à chaux. Plusieurs ouvriers de la commune sont employés aux fonderies du Faubourg de Reims-Soissons et à la fabrique de sucre de Villeneuve st germain.
On prévoit que la localité de Vénizel deviendra de plus en plus importante. Des propriétaires feront construire des habitations ouvrières et l'entrepôt prendra de l'extension. Les richesses agricoles, les avantages de l'emplacement, la beauté du site attireront de nombreux promeneurs. Le voisinage de la ville, les facilités pour l'ouvrier de se procurer de l'ouvrage, tout doit contribuer à la prospérité de la commune.
Lorsque l'on connaît Vénizel, les localités voisines semblent bien monotones. De voir l'intérêt que portent les populations voisines à notre petit village. Il suffit de demander "quel village préférez-vous après le votre, on répondra: c'est Vénizel"
Evènement de la guerre
La guerre de 1870-1871 a rudement éprouvé Vénizel. Du 24 septembre au 16 octobre 1870, la commune sera occupée par 1500 à 2000 allemands qui s'étaient installés chez les habitants. Les habitants subiront des horreurs dues à l'occupation étrangère. La commune fut en outre obligée d'entretenir, jusqu'à la signature de la paix, un poste prussien pour la garde du bac qui avait été rétabli.
1914-1918
En 1914, Vénizel est administré par Mr BREHAUT, instruit par Mr NOTTELET, instituteur et secrétaire de mairie. Le dimanche 2 août, c'est la mobilisation, 54 jeunes hommes quittent leurs familles, leur travail... Depuis la veille, 50 gardes de voies (25 à la halte, 25 à la sucrerie) sont à Vénizel et la commune doit assurer leur nourriture. Des trains remplis de soldats passent en gare, direction de l'Est.
Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre en France, le 267ème R.I. en marche traverse Vénizel se dirigeant vers Vailly et Sissonne.
Le 30 août, après la défaite de Charleroi, les gardes de voies quittent Vénizel. Les réfugiés belges, gens du Nord puis ceux de l'Aisne traversent Vénizel. Ce soir là des ponts sautent dans la région, sauf ceux de St Waast et Vénizel (construit en 1891 ou 1894 qui en réalité est un bac).
Le 31 août, des dragons français recherchent à Vénizel une patrouille allemande qui aurait franchi l'Aisne. Les troupes françaises passent le pont de Vénizel.
Le 1er septembre, les allemands sont à Crouy, on ouvre les vannes de la pétrolerie afin d'inonder le chemin de Halage et la surface de l'eau.
Le mercredi 2 septembre, à 6 heures du matin les Uhlans (soldats des armées polonaise et prussienne) pénètrent dans Vénizel. A 8 heures, ils découvrent le dragon Frère et le font prisonnier. Il tente de s'évader mais il est blessé. Les allemands veulent incendier la ferme. Mr Nottelet parlemente et jure qu'aucun autre soldat n'est à Vénizel, il réussit à faire oublier le blessé à l'hospice à Soissons. Les Uhlans tentent de piller la commune, Mr Nottelet intervient. L'infanterie allemande traverse le pont.
Le 3 septembre une compagnie du 56ème Westphalien occupe Vénizel. Une centaine d'hommes surveillent le pont et la pétrolerie. Ils pillent les maisons vides et les fermes. Dans l'après-midi, un soldat allemand jette une allumette et enflamme le bord de la rivière. Soldats et civils réussissent à protéger la pétrolerie.
Le 4 septembre, troupes et artilleries passent le pont en direction de Paris.
Entre les 7 et 10 septembre, un régiment de cavalerie prend la position dans Vénizel, mais il n'y reste que deux heures et franchit le pont vers la plaine de Bucy.
Le 6 septembre, les allemands quittent Bucy et le général Von Kluyck loge chez Mr Nottelet en la maison commune.
Samedi 12 septembre, un cavalier anglais entre dans Vénizel mais est abattu par les allemands de la prétrolerie. Le soir les cyclistes anglais s'installent à Vénizel. Le dimanche 13 septembre, les anglais arrivent en grand nombre et s'installent aux Bruyères et au Bois de l'Enseigne. Les allemands sont retranchés aux alentours. Les anglais installent des canons au cimetière et tirent sur le fort de Condé occupé par les allemands.
Les premiers obus tombent sur Vénizel
Le 22 septembre, sur la ferme de Mr Debienne, le 24 septembre sur l'atelier de Mr Vielet, et sur les Baudiers où ils tuent six anglais.
Le lundi 5 octobre, Mr Nottelet a récupéré la maison commune et fête la "rentrée", tous les enfants sont là.
Le 7 octobre, les anglais quittent Vénizel pour Dunkerque. Ils sont relevés par un bataillon de chasseurs alpins français. Deux compagnies du génie lancent une passerelle et consolident le pont. Ils préparent la défense de Vénizel. Jusqu'en décembre, les obus tombent presque quotidiennement.
Le 19 décembre 1914, un bombardement intensif incendie presque tout le village. Les femmes et les enfants se replient sur la vallée de la Crise. La ligne de front devient en janvier 1915 la rivière de l'Aisne. Vénizel est donc sur le front. Seuls quelques habitants restent dans le village qui est puissamment organisé, plusieurs lignes de tranchées relient sept fortins.
En janvier 1915, les Français tentent de dégager la ferme de la Perrière, mais les allemands ont massé des troupes. Les Français échouent et refluent en désordre par le pont et le village de Vénizel pour s'installer à Acy et Billy. Le front se stabilise pratiquement sur l'Aisne. Le village de Vénizel est régulièrement "canonné". On ne peut circuler que par tranchées, c'est la dévastation.
En avril 1915, un soldat du 65ème territorial compose une chanson "sur le joli pont de Vénizel".
Le 14 juillet 1915, les allemands détruisent le pont.
LE PONT DE VENIZEL
chant trouvé dans une maison près du pont en 1918
Air sous les ponts de Paris
1er couplet
En avant de Vénizel
Il y a un joli pont
Pour faire traverser l'Aisne
A nos braves bérichons
Près des tranchées
Blottis cachés
Se trouvent les abris de nos troupes
Et des troupiers
Les cuisinières
Y font tranquillement la soupe
Refrain
Au pont de Vénizel
Ou chacun de nous veille
Depuis des mois c'est là notre demeure
Les uns y vivent, les autres y meurent
Mais qu'importe la mort
Si nous sommes les plus forts
N'avons nous pas notre 75 célèbre
Au pont de Vénizel
2ème couplet
Ce n'est pas un petit Nice
Que le pont de Vénizel
Ici pas de caprices
De plaisirs d'moiselles
De féminin
Nous n'avons rien
A part Rosalie baïonette
Mais aux abris
Dans notre nid
Elle repose la coquette
Refrain
3ème couplet
Ce n'est pas par plaisir
Qu'on saute sur la gamelle
Pour faire bonne cuisine
Au pont de Vénizel
Riz du Japon
Et saucisson
De l'Australie ou d'Amérique
Quart de coco
De ça pas de trop
Ca pourrait donner la colique
Refrain
4ème couplet
Solide et joli pont
Il voit passer le 2 septembre
Des uhlans, des canons
Sans qu'il tremble
Mais au retour
Les boches accourent
Essayent de le faire sauter
Il est à peine
C'est une veine
Très légèrement endommagé
Refrain
5ème couplet
Depuis cet accident
Il a vu bien souvent
Passer les gars anglais
Les ronchonneux français
Et la débacle
Triste spectacle
Du 19 janvier par les chasseurs
Mais réparé
Il est tout prêt
A livrer passage aux vainqueurs
Refrain
6ème couplet
Quand finira la guerre
Et que nous reviendrons
Chez nous la mine fière
Alors nous nous conterons
A nos parents
Nos batailles et nos victoires
Ohé les gars
N'oubliez pas
Aussi de leur conter
L'histoire du pont de Vénizel
Refrain
7ème couplet
Si un jour vous passez
Près de ce pont crevassé
Dites-vous que le génie
L'avait mis en oubli
Rappelez-vous
Combien de coups
Les allemands lui ont porté
Et saluez
Ce brave pont
Que la guerre a tant dévasté Refrain